Le Royaume des Cieux est semblable à ....
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« LE ROYAUME DES CIEUX EST SEMBLABLE À ... »
Dans les évangiles, Jésus-Christ commence la plupart de ses paraboles non pas par notre habituel «
il était une fois ... », mais par « la royaume des cieux est semblable à ... ».
Et je voudrais vous proposer une petite histoire. Elle ne figure dans aucun évangile, et elle n'est pas
non plus de Jésus-Christ, mais elle commence, elle aussi, de cette même façon.
La voici :
« Le royaume des cieux est semblable à ... celui d'un grand roi qui aime ses sujets. Et il les aime tant
qu'il a envie, un jour, d'aller se renseigner lui-même sur leur vie et sur leurs besoins dans son
royaume.
Il se fait donc apporter en secret des vêtements du peuple, et prescrit au serviteur qui les lui apporte
de ne rien dire de tout cela à personne sous peine d'être mis à mort dans l'heure.
Il souhaite ainsi approcher son peuple, et pouvoir lui parler librement sans l'effrayer. Et le voici qui
quitte donc son château, ainsi vêtu, incognito.
Il se rend dans une première ville. Durant plusieurs jours, il la traverse de part en part, tel un touriste
étranger.
Il regarde les habitants, en écoutant leurs discussions dans la rue, sur les marchés, et dans tous les
lieux publics.
Un jour, il se joint à une conversation, sur le marché, et demande au commerçant : « Je vous trouve
un peu tristes, et j'entends vos souffrances dans vos conversations. Je suis certain que votre roi ne
demande qu'à vous aider. »
Les gens lui répondent : « Notre roi est bon et juste, mais il est bien trop occupé aux affaires du
royaume pour s'occuper des problèmes de notre quotidien. »
Il leur dit alors : « Mais vos problèmes quotidiens sont aussi les problèmes de son royaume ! »
Sur ces paroles, plusieurs se mettent en colère : « Comment oses-tu, toi, l'étranger ? Tu insultes
notre roi ! », et ils appellent aussitôt des gardes de la ville pour le chasser.
Avant que ces derniers n'arrivent à l'interpeller, il sort de la ville, tout triste et étonné de ce qui vient
de se passer.
Il se rend dans la ville suivante.
Et, en chemin, il s'aperçoit que quelques habitants de la ville qu'il vient de quitter le suivent. Il
s'arrête donc, et leur fait signe d'approcher, puis il leur demande : « Où allez-vous comme ça ? Est-
ce moi que vous suivez ainsi ? Voulez-vous m'agresser pour mes paroles sur le marché de la ville ?
»
Tout confus, ils lui répondent : « Oh non, nous te voulons aucun mal, rassure-toi... Mais nous te
suivons, car tes paroles nous ont surpris, et nous voulons savoir où tu vas, et en apprendre
davantage sur les choses que tu as dites au marché : nous ne pensons pas que tu as dit du mal de
notre roi, mais au contraire, ce que tu as dit de lui nous intrigue et nous interpelle encore plus ! ».
« Alors, venez, marchons ensemble », leur dit-il alors, simplement.
Ils arrivent à la ville suivante, et y entrent.
Le roi y aborde un passant dans la rue : « Comment vas-tu, l'ami ? »
L'homme lui répond : « Que t'importe comment je vais ? Passe ton chemin, étranger ! Tu n'es pas le
bienvenu, ici. »
Il lui dit alors : « Est-ce ainsi que l'on traite l'étranger dans ce royaume, et celui qui vient pour aider
qui il peut ? »
L'homme répond : « Tu ne connais pas ce royaume, sinon tu saurais que notre roi est puissant et
juste, et tu n'oserais pas proférer de telles paroles ici à son sujet ! Va-t-en avec tes amis avant qu'il
vous arrive malheur ! »
Le roi lui répond : « Je m'en vais, mais comment peux-tu, toi qui dit connaître ton roi, parler de
malheur ? Ton roi est bien meilleur que tu le dis ! »
Tandis qu'il s'en va de cette ville, l'homme lui crie de loin : « D'où prétends-tu connaître notre roi ?
Tu n'es qu'un étranger, et un ignorant de surcroît ! »
Le roi se retourne, s'approche de lui, et dit : « Je suis votre roi ».
L'homme le regarde, de haut en bas et de bas en haut, et lui répond : « Toi, notre roi ?
Blasphémateur ! Va-t-en d'ici avant que je te tue de mes propres mains ! »
Et sur de telles paroles, le roi s'en va effectivement, encore plus triste de ce qu'il vient de vivre là.
En chemin, ses compagnons de route lui demandent : « Tu as dit à cet homme que tu es notre roi :
comment veux-tu qu'il réagisse autrement ? »
Il leur répond : « Comment voulez-vous donc que j'approche mon peuple pour voir et entendre la
vérité de son quotidien : en costume d'apparat ou bien avec ces guenilles ? »
Il sort alors de sa poche un objet et le leur montre : c'est le sceau royal !
« Mais pourquoi ne leur montres-tu pas ? », lui demande l'un d'eux.
« Je vous le répète », reprend-il, « comment voulez-vous donc que j'approche mon peuple pour voir
et entendre la vérité de son quotidien : en ma qualité de roi ou bien comme l'un d'entre eux, et même
comme l'étranger qu'ils voient en moi ?... Auquel donc confieront-ils le mieux la vérité de leur
quotidien, si ce n'est à l'étranger dont ils n'ont aucune raison d'avoir peur de dire librement ces
choses ? »
« Oui, mais regarde comment ils te traitent ! »
« Et vous », conclue-t-il, « comment me traitez-vous : comme votre roi ou bien comme un simple
compagnon de voyage ? »
Sur ces paroles, il reprend son chemin vers la troisième ville, les laissant tous songeurs face à cette
terrible question : effectivement, jusqu'alors, ils l'ont bien traité en simple compagnon de voyage,
car ils n'auraient jamais osé dire de telles choses à leur roi.
Ils doivent reconnaître cette vérité, et dès lors, ils n'osent plus avancer d'un seul pas : cette question
cinglante les a stoppés net sur le chemin...
Soudain, le roi s'arrête, se retourne et revient sur ses pas vers eux. Devinant leurs questions et leur
frayeur, il leur dit à nouveau : « Allez, n'ayez pas peur. Venez donc, marchons ensemble ».
Puis il leur fait signe de la main de le suivre. Et ils reprennent leur route à ses côtés, sans savoir
vraiment s'ils doivent craindre ou bien se réjouir de suivre leur roi et non pas le simple étranger
qu'ils croyaient suivre au début...
Ils arrivent dans la troisième ville. C'est en fait un village d'apparence insignifiante.
Ils y entrent, et le roi aborde aussitôt un passant : « Bonjour, quel est le nom de ce village ? »
Celui-ci lui répond : « Bonjour, vous êtes à <Paix Royale>, mais on aurait plutôt du le nommer
<Tristesse Impériale>... »
« Ah bon, et pourquoi donc ? »
« Notre roi est bon et juste, mais nous sommes un petit village, oublié de tous et de tout. Peut-être
devrais-je même dire méprisé de tous... »
« Puisque votre roi et bon et juste, ne croyez-vous pas que votre village est aimé de lui au moins ? »
« Probablement, mais cela ne change rien pour nous, ici ! »
« L'ami, peux-tu croire que ton roi vous aime tant qu'il pourrait même venir vous voir habillé en
haillons, rien que pour vous le prouver ? »
« Le roi, en haillons ? Tu délires, étranger ! Un roi ne se déplace jamais en haillons, et jamais non
plus sans sa cour... Et je peux t'assurer qu'il n'est jamais venu ici, et que je serai étonné de le voir y
venir même un jour : nous sommes le bout du bout du monde, dans son royaume... Sait-il même que
nous existons ? »
« Mais il le sait ! »
« Ah oui ? Et comment sais-tu cela, toi ? »
« Parce que je suis le roi ! »
« Ah oui ? Et tes compagnons, là, c'est ta cour ? »
Le roi ne répond rien, et s'apprête à continuer sa visite de la ville. Soudain, un autre habitant qui
avait assisté à l'échange sans rien dire lui demande : « Dis-nous, étranger, comment t'appelles-tu ? »
Le roi lui répond : « Je suis l'<Étranger du Roi>... »
« Tu n'es qu'un menteur : le roi n'a pas d'étranger dans sa maison ! », lui dit l'homme.
Le premier ajoute alors : « Et en plus, il y a à peine quelques secondes, il vient de me dire qu'il est
le roi en personne !!!... Ce n'est qu'un pauvre fou ! »
Le roi reprend aussitôt : « Non, je ne suis ni menteur ni fou, je suis bel et bien votre roi, mais en me
présentant ainsi parmi vous, je me suis aussi fait l'<Étranger du Roi>, venu pour vous aider dans vos
problèmes... »
« Tu as raison », dit le second au premier, « il divague complètement ! »
« Nous aider dans nos problèmes ? Mais qu'est-ce que tu penses pouvoir changer à nos vies ? », lui
demande le premier.
« Je suis venu pour comprendre vos besoins, et ainsi changer tout ce qui doit l'être, dans vos vies et
dans ce royaume... »
« Mais seul le roi peut changer quelque chose dans ce royaume ! »
« Et je te le répète : je suis le roi ! »
« Prouve-le ! » lui lance un troisième habitant qui se joint à la discussion.
Et le roi sort le sceau royal de sa poche, et le leur montre. Ils sont stupéfaits, et ne savent pas quoi
en penser.
Une foule encore plus grande s'est jointe à la discussion, attirée par les cris des uns et des autres.
Et voyant le sceau royal, ils l'acclament et l'invitent très chaleureusement à entrer dans le village.
« Préparez une fête pour le roi !!! », crie même quelqu'un dans la foule.
L'idée plaît à la majorité d'entre eux, et ils jettent leurs vêtements à terre dans la rue pour lui faire un
tapis de bienvenue jusqu'à la place du village.
Soudain, un des habitants venu dans l'attroupement, regarde lui aussi le sceau dans la main du roi, et
il s'écrie : « Arrêtez tous, vous faites une terrible erreur : ce sceau est un faux ! Cet étranger est un
usurpateur ! Il faut le livrer aux gardes ! »
Le roi lui répond : « Tu devrais mesurer tes paroles : celui qui traite de faux le sceau royal insulte
l'autorité royale qu'il matérialise : c'est là un crime de lèse-majesté ; et c'est la seule faute qui ne
peut pas être amnistiée, pas même par le roi lui-même ! »
« Maudit sois-tu, au nom du roi ! », lui crie l'homme.
Et il part aussitôt en courant, pour chercher les gardes à la ville voisine.
Cette fois-ci, le roi ne s'enfuit pas. Il a décidé d'attendre les gardes.
Ses compagnons de route essaient bien de le presser de s'enfuir, mais en vain : il a décidé d'attendre
les gardes.
Et ceux-ci ne tardent effectivement pas à arriver.
Les gardes s'approchent du roi : « Es-tu celui qui prétend être notre roi ? »
« Oui, c'est moi ! », répond le roi.
« Arrêtez-le ! », ordonne les chef des gardes à sa troupe. Et ils l'emmènent à la taverne du village
pour le juger.
Alors, le chef des gardes, faisant fonction de juge royal pour la circonstance, l'interroge. Mais le roi
ne cherche même pas à se défendre : au contraire, il reste muet, et ne sort même pas le sceau royal
de sa poche. Le chef des gardes le condamne donc finalement à être fouetté sur la place publique du
village.
Ce qui est aussitôt fait.
Les compagnons de route du roi sont restés à distance, ne sachant pas quoi penser ni quoi faire, et
également pris de peur.
Puis le roi est remis en liberté et banni du village.
Sur la route, ses compagnons le rejoignent. Et là, ils lui demandent pourquoi il ne s'est pas défendu,
et pourquoi il n'a pas au moins montré la preuve de son autorité royale.
Le roi s'arrête, et leur dit alors : « Dans le peu d'endroits de mon royaume où je suis allé, j'ai vu la
méchanceté de ses habitants. La colère a bouillonné en moi, et j'ai projeté de rentrer au palais, et de
revenir revêtu de mes habits royaux, avec mes troupes, et de les massacrer tous... Puis je me suis
rappelé que j'étais venu ainsi, déguisé en étranger parmi eux, pour comprendre leurs problèmes et
les aider... Je ne pouvais pas me renier !... Vous comprenez ? Je me dois de les aider : ce sont mes
sujets, et je les aime à cause de cela... Je devais punir leur conduite méchante à mon égard. Et j'ai
alors décidé que cette punition, dont je prévoyais de les frapper tous, retomberait sur moi et non pas
sur eux. Parce que je les aime. Voilà ce que j'ai fait... »
Il fait un court moment de silence, pour laisser ses compagnons de route digérer ce qu'il vient de
leur expliquer.
Puis il poursuit : « Maintenant, je rentre au palais : je suis votre roi, et c'est là ma place.
Et c'est vous que je charge de poursuivre ce que j'ai commencé dans mon royaume : dire aux
habitants que je les aime, et leur expliquer à quel point je l'ai prouvé... Je vous donne cette lettre
prouvant votre qualité d'envoyés royaux dans mon royaume. Si l'on ne vous écoute pas, partez
ailleurs...
Je reviendrai quand vous aurez visité toutes les villes de mon royaume, et je rendrai alors à chacune
selon la façon dont elle vous a accueillis et dont elle a accueilli mon message par vos bouches.
Maintenant, allez et dites-leur ce que je vous ai dit, et ce que vous avez vu.
Pour l'heure, je vous dis à bientôt. »
Et le roi reprit le chemin du palais, où il se fit reconnaître pour qui il était, tandis que ses
compagnons se mirent à visiter toutes les villes du royaume, conformément à l'ordre reçu du roi ce
jour-là... pour y parler aux habitants de l'amour de leur roi pour eux... »
Quelle belle histoire, non ?
Mais avez-vous remarqué qu'en fait, vous venez tout simplement de lire un résumé imagé de la vie
de Jésus-Christ sur terre, telle qu'elle est décrite dans les évangiles ? Et c'est bien le cas...
QUELQUES NOTES COMPLÉMENTAIRES UTILES POUR UNE MEILLEURE LECTURE DE
CETTE HISTOIRE :
Aviez-vous perçu les points suivants ?
-l'<Étranger du Roi> = le <Fils de Dieu>
- le sceau royal = les miracles et autres signes accomplis par Jésus-Christ durant son passage sur
terre
-l'homme qui répond au roi : « le roi n'a pas d'étranger dans sa maison » = les hommes qui disent :
« Dieu n'a pas de Fils »
-l'<Étranger du Roi> est aussi le roi lui-même = le <Fils de Dieu> est aussi Dieu Lui-même
- le roi est l'<Étranger du Roi> quand il se présente à son peuple comme un étranger = Dieu est le
<Fils de Dieu> quand Il se présente à l'humanité dans un corps humain
- pour le peuple, l'étranger ne peut pas être leur roi : c'est une évidence ! = pour les humains, un
humain (Jésus-Christ) ne peut pas être Dieu : c'est la même évidence !
- impossible aux yeux du peuple = impossible aux yeux des hommes
=> ET POURTANT : c'est possible pour le roi de s'être fait mendiant pour visiter ses sujets = c'est
possible pour Dieu de s'être fait homme pour visiter les hommes
Avec toutes ces précisions complémentaires, vous ne relirez probablement plus cette histoire
comme avant... ! (sinon, relisez bien à nouveau les précisions ci-dessus... puis encore cette histoire).
C'est d'ailleurs plus qu'une "simple" belle histoire : c'est celle de la déclaration d'amour de Dieu à
Ses créatures, les humains... chacun de nous...) !
Bonne lecture et méditation à tous.
Jean Nehlig.
Dans les évangiles, Jésus-Christ commence la plupart de ses paraboles non pas par notre habituel «
il était une fois ... », mais par « la royaume des cieux est semblable à ... ».
Et je voudrais vous proposer une petite histoire. Elle ne figure dans aucun évangile, et elle n'est pas
non plus de Jésus-Christ, mais elle commence, elle aussi, de cette même façon.
La voici :
« Le royaume des cieux est semblable à ... celui d'un grand roi qui aime ses sujets. Et il les aime tant
qu'il a envie, un jour, d'aller se renseigner lui-même sur leur vie et sur leurs besoins dans son
royaume.
Il se fait donc apporter en secret des vêtements du peuple, et prescrit au serviteur qui les lui apporte
de ne rien dire de tout cela à personne sous peine d'être mis à mort dans l'heure.
Il souhaite ainsi approcher son peuple, et pouvoir lui parler librement sans l'effrayer. Et le voici qui
quitte donc son château, ainsi vêtu, incognito.
Il se rend dans une première ville. Durant plusieurs jours, il la traverse de part en part, tel un touriste
étranger.
Il regarde les habitants, en écoutant leurs discussions dans la rue, sur les marchés, et dans tous les
lieux publics.
Un jour, il se joint à une conversation, sur le marché, et demande au commerçant : « Je vous trouve
un peu tristes, et j'entends vos souffrances dans vos conversations. Je suis certain que votre roi ne
demande qu'à vous aider. »
Les gens lui répondent : « Notre roi est bon et juste, mais il est bien trop occupé aux affaires du
royaume pour s'occuper des problèmes de notre quotidien. »
Il leur dit alors : « Mais vos problèmes quotidiens sont aussi les problèmes de son royaume ! »
Sur ces paroles, plusieurs se mettent en colère : « Comment oses-tu, toi, l'étranger ? Tu insultes
notre roi ! », et ils appellent aussitôt des gardes de la ville pour le chasser.
Avant que ces derniers n'arrivent à l'interpeller, il sort de la ville, tout triste et étonné de ce qui vient
de se passer.
Il se rend dans la ville suivante.
Et, en chemin, il s'aperçoit que quelques habitants de la ville qu'il vient de quitter le suivent. Il
s'arrête donc, et leur fait signe d'approcher, puis il leur demande : « Où allez-vous comme ça ? Est-
ce moi que vous suivez ainsi ? Voulez-vous m'agresser pour mes paroles sur le marché de la ville ?
»
Tout confus, ils lui répondent : « Oh non, nous te voulons aucun mal, rassure-toi... Mais nous te
suivons, car tes paroles nous ont surpris, et nous voulons savoir où tu vas, et en apprendre
davantage sur les choses que tu as dites au marché : nous ne pensons pas que tu as dit du mal de
notre roi, mais au contraire, ce que tu as dit de lui nous intrigue et nous interpelle encore plus ! ».
« Alors, venez, marchons ensemble », leur dit-il alors, simplement.
Ils arrivent à la ville suivante, et y entrent.
Le roi y aborde un passant dans la rue : « Comment vas-tu, l'ami ? »
L'homme lui répond : « Que t'importe comment je vais ? Passe ton chemin, étranger ! Tu n'es pas le
bienvenu, ici. »
Il lui dit alors : « Est-ce ainsi que l'on traite l'étranger dans ce royaume, et celui qui vient pour aider
qui il peut ? »
L'homme répond : « Tu ne connais pas ce royaume, sinon tu saurais que notre roi est puissant et
juste, et tu n'oserais pas proférer de telles paroles ici à son sujet ! Va-t-en avec tes amis avant qu'il
vous arrive malheur ! »
Le roi lui répond : « Je m'en vais, mais comment peux-tu, toi qui dit connaître ton roi, parler de
malheur ? Ton roi est bien meilleur que tu le dis ! »
Tandis qu'il s'en va de cette ville, l'homme lui crie de loin : « D'où prétends-tu connaître notre roi ?
Tu n'es qu'un étranger, et un ignorant de surcroît ! »
Le roi se retourne, s'approche de lui, et dit : « Je suis votre roi ».
L'homme le regarde, de haut en bas et de bas en haut, et lui répond : « Toi, notre roi ?
Blasphémateur ! Va-t-en d'ici avant que je te tue de mes propres mains ! »
Et sur de telles paroles, le roi s'en va effectivement, encore plus triste de ce qu'il vient de vivre là.
En chemin, ses compagnons de route lui demandent : « Tu as dit à cet homme que tu es notre roi :
comment veux-tu qu'il réagisse autrement ? »
Il leur répond : « Comment voulez-vous donc que j'approche mon peuple pour voir et entendre la
vérité de son quotidien : en costume d'apparat ou bien avec ces guenilles ? »
Il sort alors de sa poche un objet et le leur montre : c'est le sceau royal !
« Mais pourquoi ne leur montres-tu pas ? », lui demande l'un d'eux.
« Je vous le répète », reprend-il, « comment voulez-vous donc que j'approche mon peuple pour voir
et entendre la vérité de son quotidien : en ma qualité de roi ou bien comme l'un d'entre eux, et même
comme l'étranger qu'ils voient en moi ?... Auquel donc confieront-ils le mieux la vérité de leur
quotidien, si ce n'est à l'étranger dont ils n'ont aucune raison d'avoir peur de dire librement ces
choses ? »
« Oui, mais regarde comment ils te traitent ! »
« Et vous », conclue-t-il, « comment me traitez-vous : comme votre roi ou bien comme un simple
compagnon de voyage ? »
Sur ces paroles, il reprend son chemin vers la troisième ville, les laissant tous songeurs face à cette
terrible question : effectivement, jusqu'alors, ils l'ont bien traité en simple compagnon de voyage,
car ils n'auraient jamais osé dire de telles choses à leur roi.
Ils doivent reconnaître cette vérité, et dès lors, ils n'osent plus avancer d'un seul pas : cette question
cinglante les a stoppés net sur le chemin...
Soudain, le roi s'arrête, se retourne et revient sur ses pas vers eux. Devinant leurs questions et leur
frayeur, il leur dit à nouveau : « Allez, n'ayez pas peur. Venez donc, marchons ensemble ».
Puis il leur fait signe de la main de le suivre. Et ils reprennent leur route à ses côtés, sans savoir
vraiment s'ils doivent craindre ou bien se réjouir de suivre leur roi et non pas le simple étranger
qu'ils croyaient suivre au début...
Ils arrivent dans la troisième ville. C'est en fait un village d'apparence insignifiante.
Ils y entrent, et le roi aborde aussitôt un passant : « Bonjour, quel est le nom de ce village ? »
Celui-ci lui répond : « Bonjour, vous êtes à <Paix Royale>, mais on aurait plutôt du le nommer
<Tristesse Impériale>... »
« Ah bon, et pourquoi donc ? »
« Notre roi est bon et juste, mais nous sommes un petit village, oublié de tous et de tout. Peut-être
devrais-je même dire méprisé de tous... »
« Puisque votre roi et bon et juste, ne croyez-vous pas que votre village est aimé de lui au moins ? »
« Probablement, mais cela ne change rien pour nous, ici ! »
« L'ami, peux-tu croire que ton roi vous aime tant qu'il pourrait même venir vous voir habillé en
haillons, rien que pour vous le prouver ? »
« Le roi, en haillons ? Tu délires, étranger ! Un roi ne se déplace jamais en haillons, et jamais non
plus sans sa cour... Et je peux t'assurer qu'il n'est jamais venu ici, et que je serai étonné de le voir y
venir même un jour : nous sommes le bout du bout du monde, dans son royaume... Sait-il même que
nous existons ? »
« Mais il le sait ! »
« Ah oui ? Et comment sais-tu cela, toi ? »
« Parce que je suis le roi ! »
« Ah oui ? Et tes compagnons, là, c'est ta cour ? »
Le roi ne répond rien, et s'apprête à continuer sa visite de la ville. Soudain, un autre habitant qui
avait assisté à l'échange sans rien dire lui demande : « Dis-nous, étranger, comment t'appelles-tu ? »
Le roi lui répond : « Je suis l'<Étranger du Roi>... »
« Tu n'es qu'un menteur : le roi n'a pas d'étranger dans sa maison ! », lui dit l'homme.
Le premier ajoute alors : « Et en plus, il y a à peine quelques secondes, il vient de me dire qu'il est
le roi en personne !!!... Ce n'est qu'un pauvre fou ! »
Le roi reprend aussitôt : « Non, je ne suis ni menteur ni fou, je suis bel et bien votre roi, mais en me
présentant ainsi parmi vous, je me suis aussi fait l'<Étranger du Roi>, venu pour vous aider dans vos
problèmes... »
« Tu as raison », dit le second au premier, « il divague complètement ! »
« Nous aider dans nos problèmes ? Mais qu'est-ce que tu penses pouvoir changer à nos vies ? », lui
demande le premier.
« Je suis venu pour comprendre vos besoins, et ainsi changer tout ce qui doit l'être, dans vos vies et
dans ce royaume... »
« Mais seul le roi peut changer quelque chose dans ce royaume ! »
« Et je te le répète : je suis le roi ! »
« Prouve-le ! » lui lance un troisième habitant qui se joint à la discussion.
Et le roi sort le sceau royal de sa poche, et le leur montre. Ils sont stupéfaits, et ne savent pas quoi
en penser.
Une foule encore plus grande s'est jointe à la discussion, attirée par les cris des uns et des autres.
Et voyant le sceau royal, ils l'acclament et l'invitent très chaleureusement à entrer dans le village.
« Préparez une fête pour le roi !!! », crie même quelqu'un dans la foule.
L'idée plaît à la majorité d'entre eux, et ils jettent leurs vêtements à terre dans la rue pour lui faire un
tapis de bienvenue jusqu'à la place du village.
Soudain, un des habitants venu dans l'attroupement, regarde lui aussi le sceau dans la main du roi, et
il s'écrie : « Arrêtez tous, vous faites une terrible erreur : ce sceau est un faux ! Cet étranger est un
usurpateur ! Il faut le livrer aux gardes ! »
Le roi lui répond : « Tu devrais mesurer tes paroles : celui qui traite de faux le sceau royal insulte
l'autorité royale qu'il matérialise : c'est là un crime de lèse-majesté ; et c'est la seule faute qui ne
peut pas être amnistiée, pas même par le roi lui-même ! »
« Maudit sois-tu, au nom du roi ! », lui crie l'homme.
Et il part aussitôt en courant, pour chercher les gardes à la ville voisine.
Cette fois-ci, le roi ne s'enfuit pas. Il a décidé d'attendre les gardes.
Ses compagnons de route essaient bien de le presser de s'enfuir, mais en vain : il a décidé d'attendre
les gardes.
Et ceux-ci ne tardent effectivement pas à arriver.
Les gardes s'approchent du roi : « Es-tu celui qui prétend être notre roi ? »
« Oui, c'est moi ! », répond le roi.
« Arrêtez-le ! », ordonne les chef des gardes à sa troupe. Et ils l'emmènent à la taverne du village
pour le juger.
Alors, le chef des gardes, faisant fonction de juge royal pour la circonstance, l'interroge. Mais le roi
ne cherche même pas à se défendre : au contraire, il reste muet, et ne sort même pas le sceau royal
de sa poche. Le chef des gardes le condamne donc finalement à être fouetté sur la place publique du
village.
Ce qui est aussitôt fait.
Les compagnons de route du roi sont restés à distance, ne sachant pas quoi penser ni quoi faire, et
également pris de peur.
Puis le roi est remis en liberté et banni du village.
Sur la route, ses compagnons le rejoignent. Et là, ils lui demandent pourquoi il ne s'est pas défendu,
et pourquoi il n'a pas au moins montré la preuve de son autorité royale.
Le roi s'arrête, et leur dit alors : « Dans le peu d'endroits de mon royaume où je suis allé, j'ai vu la
méchanceté de ses habitants. La colère a bouillonné en moi, et j'ai projeté de rentrer au palais, et de
revenir revêtu de mes habits royaux, avec mes troupes, et de les massacrer tous... Puis je me suis
rappelé que j'étais venu ainsi, déguisé en étranger parmi eux, pour comprendre leurs problèmes et
les aider... Je ne pouvais pas me renier !... Vous comprenez ? Je me dois de les aider : ce sont mes
sujets, et je les aime à cause de cela... Je devais punir leur conduite méchante à mon égard. Et j'ai
alors décidé que cette punition, dont je prévoyais de les frapper tous, retomberait sur moi et non pas
sur eux. Parce que je les aime. Voilà ce que j'ai fait... »
Il fait un court moment de silence, pour laisser ses compagnons de route digérer ce qu'il vient de
leur expliquer.
Puis il poursuit : « Maintenant, je rentre au palais : je suis votre roi, et c'est là ma place.
Et c'est vous que je charge de poursuivre ce que j'ai commencé dans mon royaume : dire aux
habitants que je les aime, et leur expliquer à quel point je l'ai prouvé... Je vous donne cette lettre
prouvant votre qualité d'envoyés royaux dans mon royaume. Si l'on ne vous écoute pas, partez
ailleurs...
Je reviendrai quand vous aurez visité toutes les villes de mon royaume, et je rendrai alors à chacune
selon la façon dont elle vous a accueillis et dont elle a accueilli mon message par vos bouches.
Maintenant, allez et dites-leur ce que je vous ai dit, et ce que vous avez vu.
Pour l'heure, je vous dis à bientôt. »
Et le roi reprit le chemin du palais, où il se fit reconnaître pour qui il était, tandis que ses
compagnons se mirent à visiter toutes les villes du royaume, conformément à l'ordre reçu du roi ce
jour-là... pour y parler aux habitants de l'amour de leur roi pour eux... »
Quelle belle histoire, non ?
Mais avez-vous remarqué qu'en fait, vous venez tout simplement de lire un résumé imagé de la vie
de Jésus-Christ sur terre, telle qu'elle est décrite dans les évangiles ? Et c'est bien le cas...
QUELQUES NOTES COMPLÉMENTAIRES UTILES POUR UNE MEILLEURE LECTURE DE
CETTE HISTOIRE :
Aviez-vous perçu les points suivants ?
-l'<Étranger du Roi> = le <Fils de Dieu>
- le sceau royal = les miracles et autres signes accomplis par Jésus-Christ durant son passage sur
terre
-l'homme qui répond au roi : « le roi n'a pas d'étranger dans sa maison » = les hommes qui disent :
« Dieu n'a pas de Fils »
-l'<Étranger du Roi> est aussi le roi lui-même = le <Fils de Dieu> est aussi Dieu Lui-même
- le roi est l'<Étranger du Roi> quand il se présente à son peuple comme un étranger = Dieu est le
<Fils de Dieu> quand Il se présente à l'humanité dans un corps humain
- pour le peuple, l'étranger ne peut pas être leur roi : c'est une évidence ! = pour les humains, un
humain (Jésus-Christ) ne peut pas être Dieu : c'est la même évidence !
- impossible aux yeux du peuple = impossible aux yeux des hommes
=> ET POURTANT : c'est possible pour le roi de s'être fait mendiant pour visiter ses sujets = c'est
possible pour Dieu de s'être fait homme pour visiter les hommes
Avec toutes ces précisions complémentaires, vous ne relirez probablement plus cette histoire
comme avant... ! (sinon, relisez bien à nouveau les précisions ci-dessus... puis encore cette histoire).
C'est d'ailleurs plus qu'une "simple" belle histoire : c'est celle de la déclaration d'amour de Dieu à
Ses créatures, les humains... chacun de nous...) !
Bonne lecture et méditation à tous.
Jean Nehlig.